Le syndrome fémoro-patellaire, qu’est-ce que c’est ?
Le syndrome fémoro-patellaire (SFP), est l’une des causes les plus fréquentes de douleur du genou chez l’adulte et l’adolescent [4]. C’est aussi l’une des atteintes la plus fréquente retrouvée chez le coureur [1-3]. Le SFP correspond à une irritation ou inflammation de l’articulation fémoro-patellaire causée par des contraintes sur celle-ci [2-4].
Il peut être causé par une surcharge ou « surutilisation » au niveau de l’articulation fémoro-patellaire ou par la répétition d’activités entrainant des genu-flexion (squats, côtes, montées d’escaliers…), et sera souvent dû à une modification des contraintes appliquées sur le genou, conséquence d’une modification de l’activité de la personne touchée (coureur qui augmente sa distance ou vitesse de course trop subitement, une personne sédentaire qui se met à marcher plus qu’à son habitude…). [1-6].
Quels sont les symptômes ressentis par le coureur ?
Le SFP correspond à des douleurs profondes ressenties en arrière de la patella et/ou tout autour de celle-ci [1-6,9]. Cette douleur entraine généralement une gêne lors des activités sportives ou professionnelles, empêchant leur déroulement sans douleur [6].
D’autres sensations peuvent s’ajouter de manière non systématique : [6,9]
- crépitements ou sensation de « meulage » au niveau de l’articulation fémoro-patellaire pendant les mouvements de flexion du genou,
- craquements, pseudo-blocages ou sensation d’accrochages,
- sensibilité à la palpation de la patella,
- léger épanchement,
- douleur après une position assise prolongée, en se relevant ou en étendant le genou.
Comment soigner ce syndrome ?
Comme pour toute douleur, il est important de consulter un professionnel de santé qualifié qui saura poser un diagnostic et réorienter le sportif vers un masseur-kinésithérapeute.
La prise en charge de ce syndrome se fera en plusieurs étapes :
- Diminution de la douleur dans les premiers jours, après la blessure : arrêt de l’activité physique 2 à 3 jours le temps de faire baisser les douleurs. L’application de glace pluriquotidienne par phases de 20 minutes peut aussi soulager mais de manière non systématique [2].
- Education du coureur : adapter les entrainements afin de ne pas aggraver le syndrome.
Pour cela il est conseillé de réduire la durée et/ou l’intensité des séances d’entrainement, en reprenant très progressivement. - Une modification du schéma de marche ou de course peut aussi être envisagée : favoriser une attaque « avant-pied » plutôt qu’« arrière-pied », augmenter la cadence de course (c’est-à-dire le nombre de pas par minute, et non la vitesse) ou encore réduire l’adduction de hanche lors de la course [5].
- Mise en place d’exercice physique [8] : renforcement du quadriceps et des muscles fessiers (moyen et grand fessier) [9] et étirement du quadriceps [10].
Comment prévenir l’apparition de ce syndrome ?
Afin de réduire les symptômes ou d’en éviter l’apparition, le renforcement des muscles quadriceps et fessiers est une des pistes à prioriser. Voici quelques exercices pour cela :
1 – Squat : pieds écartés un peu plus large que les épaules, on réalise alors des flexion-extension de genoux répétées :
2 – Chaise : genou et hanche à 90°, dos appuyé bien droit contre un mur, le but est de maintenir cette position statique pendant un temps donné :
3 – Marche latérale avec ou sans élastique (si élastique, il doit être placé juste au-dessus des genoux) : on marche de profil en gardant les genoux fléchis :
4 – Battements latéraux sur un pied : on tient en équilibre sur une jambe tandis que la deuxième réalise des battements latéraux (il faut bien garder les pieds parallèles avec la pointe vers l’avant) :
5 – Gainage latéral, jambe levée, bassin décollé : maintenir la position de la photo ci-dessous pendant un temps donné :
6 – Exercice de rotation de hanche allongé sur le côté: on réalise des rotations de hanche répétées : le talon vient toucher le genou, puis après une rotation c’est le genou qui vient toucher le genou opposé :
7 – L’étirement du quadriceps est aussi préconisé pour diminuer les douleurs.
Etirement du quadriceps : on ramène le pied à la fesse (penser à bien maintenir son bassin en rétroversion : contracter les abdos et rentrer les fesses) :
Ce qu’il faut retenir ?
En cas de douleur ressemblant à un SFP, il faut consulter votre médecin traitant afin qu’il vous réoriente vers votre kinésithérapeute qui pourra vous conseiller sur la meilleur manière de reprendre votre activité sportive.
Bibliographie
- Blaise Dubois. La face cachée de la rotule.
- Jean-François Esculier (2013). Les douleurs antérieur du genou chez le coureur. Zatopek (N°1).
- Jean-François Esculier (2016). Mise à jour sur le syndrome fémoro-patellaire. Physio Québec (Volume 43 ; N°2)
- Mokhtar Arazpour, Fateme Bahramian, Atefeh Abutorabi, Seyed Taghi Nourbakhsh, Ardeshir Alidousti, and Hamidreza Aslani, (2016). The Effect of Patellofemoral Pain Syndrome on Gait Parameters : A Literature Review. The Archives of bone and joint surgery. 4(4): 298–306.
- Willy RW, Hoglund LT, Barton CJ, Bolgla LA, Scalzitti DA, Logerstedt DS, et al. (31 août 2019). Patellofemoral Pain. J orthop Sports Phys Ther. 49(9) : CPG 1-95.
- Crossley KM, Stefanik JJ, Selfe J, Collins NJ, Davis IS, Powers CM, et al. (2016). Patellofemoral pain consensus statement from the 4th International Patellofemoral Pain Research Retreat, Manchester. Part 1 : Terminology, definitions, clinical examination, natural history, patellofemoral osteoarthritis and patient-reported outcome measures. Br J Sports Med. 50(14) : 839-843.
- Crossley KM, Middelkoop MV, Callaghan MJ, Collins NJ, Skovdal Rathleff M, Barton CJ. (2016). 2016 Patellofemoral pain consensus statement from the 4th International Patellofemoral Pain Research Retreat, Maanchester Part 2 : recommended physical interventions. Br J Sports Med. 50(14).
- Clijsen R, Fuchs J, Taeymans J. (2017). Traitement des patients atteints du syndrome fémoro-patellaire : revue systématique et méta-analyse. Kinésithérapie, la Revue. 17(192) : 16.
- A. Rambaud, R. Philippot, P. Edouard. (2013). La prise en charge rééducative globale de patients présentant un syndrome fémoro-patellaire : la lutte contre l’effondrement du membre inférieur par le renforcement du moyen fessier. Journal de Traumatologie du Sport. 30(4) : 232-239.
- F. Graziani, S. Mesure, J.M. Coudreuse, A. Delarque, J.M. Viton. (2014). L’effet de l’étirement du quadriceps chez des patients atteints d’un syndrome femoro-patellaire. Annals of Physical and Rehabilitation Medicine. 57(1) : 282.